La Cour des comptes propose
de supprimer PASS-LAS
et de revenir à une voie unique
Article de L’Etudiant publié le 12 décembre 2024, rédigé par Agnès Millet
L’accès aux études de santé pourrait être de nouveau réformé. Quatre ans après la suppression de la PACES au profit du système PASS/LAS, la Cour des comptes préconise le retour à une voie unique d’accès aux études de santé, dès 2026, en raison de la complexité actuelle.
Est-ce déjà la fin annoncée du PASS et de la LAS ?
C’est en tous cas ce que recommande la Cour des comptes, dans son rapport très attendu « L’accès aux études de santé : quatre ans après la réforme, une simplification indispensable« , publié le 11 décembre et présenté à la Commission des affaires sociales du Sénat.
Exit le double système mis en place à la rentrée 2020 pour accéder aux études MMOPK , la Cour des comptes préconise de « mettre en œuvre une simplification de l’accès aux études de santé centrée sur l’étudiant, le développement territorial et maintenant le principe de la progression dans les études, à travers le déploiement d’une voie unique d’accès aux études médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie », pour la rentrée 2026.
Un désaveu de la précédente réforme, instaurée dans un calendrier contraint et en pleine crise sanitaire. Si les objectifs de la suppression de la PACES (en vigueur de 2010 à 2020) étaient louables – améliorer la réussite et le bien-être étudiant, favoriser la progression dans les parcours d’études et diversifier les profils – le double système qui l’a remplacé est largement critiqué par les étudiants et les doyens, notamment pour son « illisibilité ».
La double voie du PASS et des LAS, associée à une mise en œuvre hétérogène dans les universités n’a pas atteint ses nombreux objectifs. Selon Nacera Meddah, président de la 3e chambre de la Cour des comptes, cet échec serait dû à « un manque criant d’anticipation ».
Des mesures urgentes pour « assurer le fonctionnement à court terme des LAS »
La Cour des comptes alerte sur le fait que « le statu quo n’est plus tenable » et plaide pour la mise en œuvre de mesures transitoires dès 2025.
Elle propose « d’harmoniser et de rationaliser le fonctionnement des LAS », notamment en :
- fixant nationalement le volume des enseignements qui composent la mineure en santé des 3 années de LAS et de ceux, hors santé, qui composent la mineure des PASS ;
- limitant le nombre de LAS, en fermant celles offrant un faible taux d’admission en MMOP et en privilégiant celles offrant les meilleures perspectives de réorientation aux étudiants.
Par ailleurs, pour résoudre le problème de places vacantes en pharmacie et maïeutique, elle propose qu’un panel d’universités « expérimente[nt] un accès direct en pharmacie et en maïeutique pour un contingent d’élèves sélectionnés sur Parcoursup, en complément d’un accès classique via la première année d’études de santé pour le contingent restant » et ce, dès 2025.
Une voie unique pour la rentrée 2026
Surtout, la Cour recommande de « mettre fin à la coexistence PASS et des LAS » et d’installer dès 2026 une nouvelle « voie unique laissant une part majeure aux enseignements de santé« , qui garantiront un socle commun de connaissances pour tous les candidats à l’accès santé », l’une des requêtes de la conférence des doyens.
Elle décrit cette voie unique comme comportant toujours une mineure hors santé. « L’objectif de la mineure disciplinaire, et donc le choix des disciplines proposées, doit être centré sur la réorientation et non sur la diversification académique des profils », précise la Cour.
Dans le détail, cette voie contiendrait 45 à 50 ECTS d’une majeure en santé et 10 à 15 ECTS d’une mineure hors santé.
Gérée par les UFR santé, cette « première année de licence générale et scientifique donnant accès aux études de santé doit être vue comme un portail donnant accès, en fonction du choix de l’étudiant et de ses résultats académiques, à l’ensemble des formations MMOP, aux autres formations en santé, à une licence santé si l’université en possède une et aux autres licences de l’université », écrit la Cour des comptes dans son rapport.
Pas de redoublement en première année de santé
Comme en PASS et en LAS le redoublement ne serait pas autorisé pour éviter le « gâchis de talents et de ressources », explique Nacer Meddah, évoquant ces élèves de l’ex-PACES d’un « niveau élevé » qui se retrouvaient sans diplôme après deux années d’études. Une proposition approuvée par les doyens de médecine et par l’ANEMF .
Par ailleurs, « cette première année serait systématiquement considérée comme une première candidature à MMOP et la possibilité d’exercer une seconde candidature depuis une deuxième année de licence en lien avec la mineure hors santé est maintenue. Afin de favoriser l’admission un an après le baccalauréat, un quota important de places en MMOP devrait être réservé aux étudiants en première année », propose la Cour des comptes.
Une mise en œuvre des premières recommandations dès 2025 ?
Très attendues tant les critiques et le sentiment d’urgence sont unanimes, les recommandations de la Cour des comptes ne sont pas « contraignantes » pour les décideurs, et toutes ne seront peut être pas retenues.
Du côté de l’ANEMF, Julien Besch-Carrière, 1er vice-président de l’association, se dit « soulagé de voir que les pouvoirs publics s’emparent du sujet. Le constat d’échec est posé et partagé. La voie unique va clairement dans le sens de nos propositions. En ce qui concerne la filière médecine, les recommandations de la Cour nous satisfont« . En revanche, l’ANEMF désapprouve l’idée de l’instauration d’un accès direct en 1re année de pharmacie ou de maïeutique.
Autre inconnue : le calendrier. « Il reste à voir comment les pouvoirs publics vont pouvoir mettre cela en place dans les délais impartis. Un objectif à la rentrée 2025 est peut-être un peu court, mais 2026 est plus abordable. Il faut ouvrir les débats », déclare Julien Besch-Carrière qui souhaite éviter « une deuxième réforme bâclée ».
Du côté de la Conférence des doyens, Antoine Hamel, doyen de médecine à Nantes Université, explique que la mise en place d’une réforme n’est envisageable que lorsque « cela sera techniquement possible », et précise également que « c’est probablement déjà un peu tard pour mettre en place des modifications pour 2025, d’autant que nous n’avons pas de ministres nommés ».
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