PASS-LAS : les fédérations
étudiants défendent leur projet
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PASS/LAS : les fédérations étudiantes défendent leur projet de voie unique d'accès aux études de santé
Malgré les différentes idées de réforme pour revenir à une voie unique, aucune n’enlèvera la sélection rigoureuse sur les matières de santé.
Sur la base de l’idée de la fédération des étudiants, le point de la mineure pourrait même augmenter… Est-ce vraiment la solution pour permettre de revenir à une voie unique ?
Article de L’Etudiant publié le 29 janvier 2025, rédigé par Agnès Millet
Les fédérations étudiantes de santé, auditionnées par le Sénat le 22 janvier, défendent unanimement le retour à une voie unique d’accès aux études de santé. Tout en rejetant le modèle de la PACES, elles réclament une évolution rapide du système PASS/LAS.
Une « évolution urgente des modalités d’accès aux études de santé » est nécessaire, tranche Julien Besch-Carrière, 1er vice-président de l’ANEMF , à l’issue de sa prise de parole introductive devant la Commission des affaires sociales du Sénat, le 22 janvier dernier.
Après la publication du rapport très critique de la Cour des comptes en décembre et l’audition des Conférences de doyens, le 15 janvier, la Commission auditionnait les fédérations étudiantes des filières médicales, sur le PASS et le LAS , instaurés en 2020.
« Cinq ans après la mise en place de la réforme, le nouveau système d’accès aux études de santé ne correspond pas aux attentes », indique-t-il. « Les constats d’échec sont nombreux« .
À l’instar de la Cour des comptes, il note qu' »une priorité s’impose : celle d’une voie commune et unique d’accès aux études de santé« . Cette voie unique doit être « gérée uniquement par les facultés de santé » et proposer « majoritairement des enseignements en lien avec la santé. Ce nouveau système devra faire preuve par-dessus tout de cohérence, de lisibilité et d’équité ».
Les cinq fédérations étudiantes défendent l’idée d’une voie unique
À l’unisson, l’ANEPF, l’UECD, l’ANESF et la FNEK plaident pour l’instauration d’une voie unique, afin de rendre plus lisible et moins complexe l’accès aux filières MMPOK .
Rejetant le modèle de la PACES , qu’ont remplacé le PASS et la LAS, en raison du « gâchis humain », les cinq fédérations exposent leur projet de « licence santé », de février 2024.
Principale différence avec la PACES : la « licence santé » des fédérations étudiantes permettrait à tous de construire un parcours, sans retomber dans un système où ceux qui échouent se retrouvent sans bagage académique.
Le projet de « licence santé » : un modèle d’orientation progressive
Cette licence contiendrait majoritairement des enseignements liés à la santé, peut-être davantage qu’en LAS, précise Louise Lenglin, présidente de la FNEK. Ce socle commun à toutes les filières favoriserait l’interdisciplinarité.
Par ailleurs, comme le PASS et la LAS, la licence santé proposerait des enseignements disciplinaires dans un autre champ, cohérent avec la santé, pour diversifier davantage les profils et faciliter les réorientations pour ceux qui ne réussiront pas à intégrer un cursus médical.
Les fédérations plaident également pour la création d’un module de découverte des métiers, pour orienter les étudiants dans leur choix de filière et rendre plus attractives les études de pharmacie et de maïeutique.
Cette licence santé se veut « un parcours d’orientation progressif », précise Louise Lenglin, « sans possibilité de redoublement ». Pour ceux qui n’intégreraient pas les études de santé à l’issue de la 1re année, la 2e année proposerait davantage d’enseignements dans le champ disciplinaire et moins en santé, mais ceux-ci resteraient « solides ». Les étudiants disposeraient d’une deuxième chance pour intégrer les études de santé en fin de L2.
Les étudiants opposés à un accès post-bac en pharma et maïeutique
Alors que la Cour des comptes préconise une expérimentation d’accès post-bac en pharmacie et maïeutique pour remédier à la désaffection de ces filières, Ilan Rakotondrainy, président de l’ANEPF y voit un point « d’inquiétude majeure« .
En effet, l’association estime que cela introduirait « une rupture d’égalité des chances », en raison d’une sélection basée « sur le seul dossier scolaire ». Par ailleurs, il relève que « les lycéens ne sont pas toujours suffisamment matures pour un choix aussi déterminant si tôt dans leur parcours ». De plus, cette idée nuirait à la clarification du système et l’alourdirait. Enfin, cela « risquerait d’accroître les disparités entre les étudiants en 2e année de pharma ».
Même écho chez Nassilaty Ali, porte-parole de l’ANESF. Doutant de l’efficacité de la mesure, elle rappelle que « seuls 20% des lycéens ont une vision claire » du métier de sage-femme.
Les kinés, « invisibilisés », souhaitent être pleinement intégrés aux études médicales
Lors de l’audition, Louise Lenglin, présidente de la FNEK, déplore que la filière kiné soit « invisibilisée dans cette réforme » puisque celle-ci n’est pas présente dans le texte de loi instaurant le PASS-LAS, « alors même que ce sont, chaque année, plus de 2.000 étudiants qui entrent en kiné via PASS/LAS, soit l’écrasante majorité ».
« Les fédérations MMOPK rappellent leur volonté que la filière kiné soit pleinement intégrée aux arrêtés relatifs pour que la filière ne soit plus invisibilisée », ajoute-elle.
Interrogée par Émilienne Poumirol, sénatrice de la Haute-Garonne, sur l’opportunité d’intégrer les écoles de kiné aux universités, comme cela a été fait en maïeutique, la présidente de la FNEK approuve : « l’intégration pleine et entière de nos écoles de kiné, c’est une solution – et on pense que c’est même la solution pérenne », qui répondrait aux problématiques de coût des études, allant de « 800 à 40.000 euros annuels ».
Cela améliorerait le bien-être des étudiants en kiné, qui « vivent aujourd’hui comme une énorme injustice le fait d’être dans une 1re année commune et après d’être exclus loin de cette communauté ».
Ne pas créer un système à deux vitesses
Pour diversifier socialement et géographiquement les profils, les fédérations approuvent l’ouverture d’antennes sur les territoires mais avertissent : « il ne faut pas qu’il y ait un système à deux vitesses qui se crée », rappelle Julien Besch-Carrière, puisque c’est l’une des critiques du système actuel, dans lequel le PASS est perçu comme la voie royale d’accès aux études de santé.
« On ne veut pas que ce soit une première année toute en distanciel, sans service universitaire tels que les BU ou les Crous. Il faut absolument qu’il y ait un accompagnement pour ces étudiants dans les zones les plus éloignées des facultés », confirme Camille Griseri, vice-présidente de l’UECD.
Contre le modèle PASS/LAS, le projet de licence santé implique que tous les étudiants disposent de « conditions de formations similaires. Et il n’y a qu’une seule façon : avoir une vraie réflexion et une coordination nationale (…). Et surtout qu’il y ait des fonds, des dotations qui soient mis dans ces délocalisations », souligne Julien Besch-Carrière.
Plus généralement, les fédérations plaident pour un dialogue concerté avec les parties prenantes. Comme le rappelle Camille Griseri, de l’UECD, « si un changement de modèle est nécessaire, il ne doit pas se faire dans la précipitation« , comme en 2020 et pour ne pas tomber dans une nouvelle complexification de l’accès aux études de santé.
Article de L’Etudiant publié le 29 janvier 2025, rédigé par Agnès Millet